jeudi 15 avril 2010

Lettre à don Tancredo







Mon cher don Tancredo,
Juste un petit mot pour m'assurer de votre santé. Comment avez-vous supporté ces dernières nouvelles? Je suis sûr que vous avez résisté sans difficulté à la fièvre iconographique qui sévit à Béziers, et qui nourrit pourtant tant d'inquiétudes... Je vous sais robuste et insensible à ce genre d'affection épidermique, qui n'a d'effets que sur des sujets anémiés par la médiocrité de leur régime habituel.
Je vous imagine plus affligé par la monotonie des menus concoctés par la cantine du "Plateau de Valras" que par la qualité esthétique de sa carte.
Les informations reçues de Carcassonne me semblent bien plus sérieuses et hélas, bien plus graves, de quoi vous ébranler le plus stoïque des aficionados. J'espère que vous avez enduré cette malheureuse nouvelle sans vous départir de votre légendaire impassibilité.
N'êtes-vous pas trop dépité du brutal changement intervenu dans la cité? Mon bon don Tancredo, quelle misère! nous perdons une équipe d'aficionados passionnés et un responsable au profit d'un improbable amalgame des genres! Nous perdons une orientation résolument "toriste" ( Miura, Moreno de Silva, Zaballos, excusez du peu) au profit d'une unique corrida commerciale!
Changement d'autant plus attristant qu'il semble voué à une impasse économique! Par quel biais la nouvelle impresa pourra-t-elle, demain, équilibrer un plateau de corrida majoré d'une location d'arènes quand les précédents organisateurs avaient toutes les peines du monde à joindre les deux bouts avec une aide conséquente de la municipalité?
Je crains qu'à ce train la fière cité Cathare rentre dans le rang des arènes mercantiles ou pire que la tauromachie récemment ressuscitée y meure à jamais.
Pour ma part je vais rayer Carcassonne de ma liste de périples taurins et je rencontrerai désormais mes amis Audois à l'occasion de quelques matchs de rugby ou de XIII.
Avant de vous revoir à Vic, Céret, ou Beaucaire je vous mes affectueuses salutations.
P.S. Ne nous laissons pas aller à la mélancolie, restons positifs, nous nous rappellerons longtemps encore des magnifiques combats auxquels nous avons pu assister grâce à l'aficion sans bornes de quelques carcassonnais que nous aimons bien.
Hasta siempre, votre ami,
Don Leal

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