vendredi 17 septembre 2010

Corrida concours Arles 2010


Mon cher don Tancredo,

Je me suis rendu en Arles pour assister à « la corrida concours française » , corrida concours moins nationale , soit dit en passant, que celle donnée début août à Vic puisqu’ici les piétons représentaient trois pays différents avec Padilla, Tellez et Savalli .
Pour tous, une corrida concours, digne de ce nom, offre l’occasion de rivaliser dans l’excellence, il est convenu que les élevages y réservent leur meilleur produit et que toreros et autres piqueros mettent un point d’honneur à faire briller leurs opposants .
C’est sur ce principe que, comme quelques milliers d’aficionados tout aussi crédules que je le reste , je me suis acquitté d’un billet bien cher pour une place bien moyenne pour assister à un spectacle bien, mais alors bien médiocre ………..
Il ne me sert à rien de te décrire dans le détail cette corrida, tout y fut médiocrité et ennui , les seuls moments d’intérêt se consistèrent au comportement du toro de Tardieu qui prit trois piques sans se faire prier et au tierco de varas (bien) donné par Gabin face à un manso de Margé ., tu as, assurément , remarqué le cliché si éloquent de nos amis de Campos y Ruedos
Côté négatif nous fûmes servis, en premier lieu, le choix du jury qui décida de primer , contre toute logique , le toro de Margé souleva la vindicte populaire . Tout l’amphithéâtre avait vu le Tardieu supérieur, sauf le jury ……
"Bis répétita placent", le jury d’Arles, comme celui de Vic, eut pour Margé les yeux de Chimène. Quelle capacité de séduction notre éleveur des Monteilles. Il est curieux de constater que ce pouvoir d’enchantement porte plus sur une petite poignée anonyme de « connaisseurs » (dont les critères de jugement ne sont jamais explicités) que sur la majorité du public.
Je vais maintenant te dire le plus croustillant ou du moins le plus choquant, en effet le combat du Piedras Rojas mérite quelques explications de texte que tu n’auras, sans doute, pas trouvé dans la presse taurine conventionnelle. Ce tio, qui clôturait la revue arlésienne du ganado tricolore, sortit du toril comme un boulet de canon renversant Medhi Savalli venu tenter une porte gayola il s’employa à trois reprises au cheval recevant des piques indignes , deux dans les flancs . Tu imagines que ce traitement ne pouvait guère l’avantager pour la suite. C’est la que le plus beau, comprends le pire, intervient, ne voila-t-il pas que Medhi Savalli dédie le combat du toro de Laugier à ……..Olivier Margé .Très élégant n’est-ce pas dans une corrida concours et qui plus en Arles à deux pas du mas de l’Ilon, propriété de Patrick Laugier?
Que penses-tu qu’il arriva ? Rien strictement rien. Medhi Savalli ne voulut pas voir ce toro qu’il venait, pourtant, de brinder et plia les trastos . Comprenne qui pourra cette attitude pour le moins choquante. J’admets, volontiers, que Medhi tienne à saluer publiquement la famille Margé qui l’a beaucoup employé cette temporada, mais est-il opportun de le faire dans ce cadre ? Offrir la mort d’un toro d’un éleveur à un autre ganadero, lors d’une corrida concours qui présente les deux fers, me semble, en soi, inconcevable, mais réduire à néant la faena de ce toro me paraît encore plus inadmissible, voire coupable. Nos chers chroniqueurs ont retenu que le Margé avait été primé malgré le Tardieu, malgré le Piedras Rojas.
Cher Tancredo, je suis de plus en plus convaincu que le pire ennemi de notre passion est bien celui qui en vit, le mundillo, qui ne manifeste que mépris pour celui qui le fait vivre, le public .Oui, ce public tu sais , qu’on appelait autrefois « le respectable ».
Si le rôle des aficionados est réduit à celui de cochons de payeurs, si le mundillo et les acteurs de la corrida se refusent à plus de respect, à davantage d’éthique, alors je crains fort pour l’avenir de notre passion ..
Triste fin de courrier, je te l’accorde, mais rassurons nous , il existe encore quelques petites plazas gérées par des fous bénévoles ,et autour desquelles nous retrouverons toujours entre vrais afionados , et merde , tant pis je l’ai écrit, pou r les grosses machines et leur empresa dédaigneuse.
Hasta siempre

Don Leal


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